Portrait : Radja, directeur de Kynarou India
On vous propose aujourd’hui de rencontrer Radja, le directeur de la section Inde de Kynarou. Depuis 9 ans, il est en charge des projets réalisés sur le territoire indien. Julien est allé à sa rencontre…
Bonjour Radja, pourquoi avoir choisi de rejoindre Kynarou ?
La mission de Kynarou s’adaptait exactement à ce que je cherchais. On pouvait amener plein d’idées autour de la santé mais on devait faire du training en ce qui concernait l’eau (économie d’eau), training qui était vraiment nécessaire pour l’Inde… C’était une époque compliquée et donc le meilleur moment pour moi de changer le travail vers la santé et l’eau.
Il y a beaucoup de potentiel de développement, le gouvernement indien nous donne plein d’opportunités pour nous améliorer sur ce que nous pouvons faire et aussi sur comment nous pouvons le faire. Il y a une bonne atmosphère et ce que Sophie (Directrice de Kynarou) fait avec moi, moi je le fais avec mon équipe. Si tu vas aux villages, ils sont ta famille. Ils le ressentent comme ça et ils te renvoient l’appareil. (« they give you back »)
Quelles sont les améliorations que tu observes dans les villages ?
Je peux voir plein de villages qui progressent. Au début on devait faire face à des situations difficiles car il fallait leur trouver une motivation pour le changement. Le changement n’est jamais facile au début mais progressivement et avec beaucoup de patience on leur fait comprendre l’importance de l’eau potable et l’hygiène pour avoir une bonne santé.
La clé pour faire ce travail c’est la patience. Petit à petit on rentre dans la matière et la possibilité d’aider augmente en même temps car il y a une confiance qui s’installe. Depuis le début je sais que ça allait être un travail plein de challenges et défis, mais ça ne m’a pas du tout freiné dans ma décision.
Qu’est ce qui te rend le plus heureux chez Kynarou ?
La liberté. On peut apporter des nouvelles idées comme les potagers, le compost, faire des pilotes, innover…voir les résultats et ainsi voir la meilleure façon de procéder pour la suite.
Tout est très organisé ici, on fait du daily et de weekly tracking selon les tâches ou les activités. Tout est fait de la meilleure façon possible pour que d’autres pays (comme le Burkina Faso ou Sri Lanka) puissent en profiter dans leurs prochains lancements.
Comment as-tu réussi à avoir une équipe aussi fantastique ?
Ça m’a pris des années pour créer l’équipe d’aujourd’hui. Nous avons eu des listes énormes de candidats mais nous avons choisi les meilleurs. Pour m’assurer qu’ils seront les bonnes personnes, j’emmène le candidat sur le terrain pendant une semaine et je vois comment il travaille, comment il rentre en contact avec les gens, avec le reste de l’équipe et je lui demande aussi de faire les rapports quotidiens et hebdomadaire pour comprendre son efficacité et sa motivation dans les tâches un peu plus administratives. Suite à cette semaine-là, on prend le meilleur candidat.
Ensuite on fixe les objectifs et, pendant un an, sa mission est d’apprendre. 6 mois après on commence à voir les progrès, les résultats. On est avec eux à chaque fois qu’ils ont besoin de nous.
Une fois que la deuxième année commence, tout est rapide, fluide. Ils savent exactement ce dont j’ai ou le reste de l’équipe a besoin à chaque moment.
Une chose très importante pour le candidat c’est le fait qu’il soit certifié en santé/hygiène. Une fois instruit en conditions sanitaires, alors on commence avec les ressources humaines.
Quand ils savent qu’ils vont faire une formation, ils sentent qu’ils sont engagés et donc ils se sentent responsables et investis dans cette mission.
Comment tu vois le futur de Kynarou ?
Mon idéal serait de dupliquer le même modèle dans différents districts de l’Inde et d’autres pays (Burkina ou Sri Lanka). Il y a déjà des gens de Chennai qui m’appellent pour me dire qu’ils peuvent aller au Sri Lanka pour voir les possibilités d’implémenter les actions de Kynarou.
Dans cette vision d’agrandir la présence de Kynarou et d’implanter nos projets dans de nouveaux pays d’intervention, j’aurai besoin de plus d’experts sur le terrain. On est même en train de réfléchir à des projets autour du changement climatique et voir l’évolution que ces projets pourraient nous rapporter.
Chaque roupie qui nous est envoyé à travers les donations de Kynarou France est investi de la meilleure façon ici en Inde. C’est merveilleux comment ces deux cultures se sont unies pour aider et pour faire le meilleur possible pour les villageois les plus démunis.
L’équipe Kynarou Inde se sent spécialement fière du modèle créé, des actions menées. Tous les membres savent qu’ils font quelque chose de merveilleux pour les autres. Ils en sont fiers et moi je suis fier d’eux.
Si on continue dans cette direction et si on arrive à « transmettre » cet enthousiasme, le futur de Kynarou sera un excellent futur pour tous.
Arriver à la solution ça prend du temps et c’est long. On vient avec des nouvelles idées, on prend du temps avec le gouvernement et on a besoin de 5 ans pour que le village soit complètement développé.
On apprend de l’expérience. Ce sont uniquement ces apprentissages, ces best practices qui nous donnent les meilleurs résultats et le succès dans chaque projet.
Quelles seront tes « top 3 key impact » pour faire un village autonome ?
- L’hygiène.
- Les enfants et les professeurs comme cible primaire car l’information retenue par l’enfant passera à la mère et au foyer
- Campagne « porte à porte » afin de les informer et sensibiliser. On pose des questions genre « combien de fois toi et ta famille êtes allez au médecin la semaine dernière ? » À ce moment-là, ils se rendent compte de la relation santé -hygiène. Il se rendent compte qu’ils doivent nettoyer les rues et faire du tri du déchet, du compost…
On doit penser que 90% de la population Dalit est illettré. Des 10% restants, 6% ont quitté l’école très tôt et juste 4% ont fini l’école et eu un travail.
En sachant ça, il faut toujours travailler avec eux pas à pas, avec beaucoup de patience car trop d’information serait contreproductif pour leur investissement et donc pour les projets de Kynarou.
Radjamourty, Directeur Inde de Kynarou
- Age : 44 an
- État Civil : Marié
- Domicile : Pondichéry
- Formation : 11 ans d’études supérieures (Sociologie et Droit)
- Expérience professionnelle : 3 ans en tant qu’avocat en droit criminel jusqu’au jour où la morale et l’éthique étaient plus importants que le salaire. Fatigué de devoir défendre des criminels, je me suis dirigé vers l’aide sociale et notamment autour de l’eau et de la santé. Pendant presque 10 ans j’ai travaillé dans plusieurs organisations qui m’ont permis de développer les compétences humaines, sociales et le savoir-faire dans le développement de projet.
- Expérience Kynarou : 9 ans